Affiche Un paese w

Le mardi 28 novembre 2017 à 20h30

Espace Jules Noriac

Un paese di Calabria
(Un village de Calabre)

Réalisé par Shu Aiello et Catherine Catella,
documentaire, 2016, 1h30min, vostf

Comme beaucoup de villages du sud de l’Italie, Riace a longtemps subi un exode rural massif.
Un jour, un bateau transportant deux cents kurdes échoue sur la plage. Spontanément, les habitants du village leur viennent en aide. Petit à petit, migrants et villageois vont réhabiliter les maisons abandonnées, relancer les commerces et assurer un avenir à l’école.
C’est ainsi que chaque jour depuis 20 ans, le futur de Riace se réinvente.

 

Projection en présence de Shu Aiello, co-réalisatrice du film.

 

  Shu Aiello

Shu Aiello

A longtemps travaillé au sein de 13 Productions ; elle a collaboré avec des réalisateurs tels que A.Segal, J.-L.Comolli, I. Pasternak. Très intéressée par les questions de société et d’identité posées par l’Histoire coloniale française notamment en outre-mer, Shu Aiello a réalisé une vingtaine de documentaires sur ces sujets.

 

Catherine CatellaCatherine Catella

Réalisatrice et monteuse de documentaires, héritière d’une double culture française et italienne, Catherine Catella se consacre depuis longtemps aux questions de l’exil à travers différents médias : films, musiques et expositions.

 

 Quelques (bonnes) critiques

« Tiens! un conte de fées…
C’est un petit village du bout du monde, Riace, tout en bas de l’Italie, au bas de la botte, en Calabre, là d’où l’on s’exile pour enfin trouver un travail. Un village prudemment accroché sur les hauteurs, de façon à ce que ses habitants puissent voir la mer de loin, la mer d’où vient traditionnellement l’ennemi. Il était presqu’à l’abandon lorsqu’un jour, le 1° juillet 1998, un bateau empli de Kurdes a échoué sur la plage, par hasard. ‘’Il faisait sombre, on ne savait pas si l’eau était profonde. Les gens avaient peur de descendre’’. Ils sont descendus. Et ils sont restés.
Et le village a refleuri. Petit à petit, migrants et villageois, ensemble, ont retapé les maisons, relancé le commerce, fait revenir la vie. Ils n’étaient plus que 900, ils sont aujourd’hui 2100 habitants. Oui, c’est un conte de fées. Mais tout ce qu’il y a de plus réel, et qui dure depuis près de vingt ans. N’a-t-on pas besoin de contes de fées, en ce moment ?
Shu Aiello et Catherine Catella nous le racontent à leur façon, douce, lente, contemplative, dans un film qui fait rêver. On y voit des vieux assis devant leur maison, des visages ravinés, une procession en l’honneur de Saint Cosma et Saint Damiano, des fanfares municipales, un feu d’artifice, une maîtresse donner des cours d’italien, le barbier barbouiller en action…On y comprend qu’il a suffi d’une poignée d’hommes, dont le maire actuel, pour refuser la peur de l’étranger, le fantasme de l’invasion, le repli sur la préférence locale ou nationale. Et surtout, pour faire en sorte que l’accueil ne se fasse pas n’importe comment : avec intelligence, et compétence. Comme si seuls les pauvres savaient accueillir plus pauvres qu’eux…
Riace continue de recevoir des demandeurs d’asile, s’en est fait une spécialité, en héberge 400 de 22 nationalités différentes, leur offre deux ans de formation professionnelle et d’apprentissage de la langue… La plupart iront sous d’autres cieux, certains resteront, et alors ? Ici, l’exode on connait : « On a été des millions à quitter le pays. D’autres le feront encore. De ceux qui sont partis, beaucoup ne reviendront pas. D’autres arriveront. C’est l’histoire des hommes, non ? Il n’y a rien à dire de plus ».
Si, une chose. Il y a la mafia locale. « La Calabre est une terre de non-droits, dit une villageoise. Une terre où l’on confond les droits et les privilèges. C’est le terreau dans lequel pousse la ndranghetta, où elle puise sa force ». La mafia calabraise voit d’un mauvais œil l’expérience en cours à Riace : les migrants, elle les préfère en perdition, sans attaches, à sa merci, de façon à leur faire cultiver la terre pour rien. Alors elle cherche à intimider les villageois : voitures brûlées, coups de feu… Riace lui tient tête : « Ensemble pour dire non ». Tenir bon face à ceux qui « confondent droits et privilèges » : tiens donc…               
(Jean-Luc Porquet, Le Canard enchaîné, 08/02/2017)

« Un beau documentaire sur l’expérience d’un village italien qui a littéralement repris vie avec l’arrivée de migrants montre, à rebours de la xénophobie ambiante, que les sauveurs ne sont pas forcément ceux que l’on croit.
Riace est un petit village en Calabre, dernière région avant la Sicile. Un lieu de passage, c’est-à-dire de départs et d’arrivées, et ce depuis des décennies. Autrefois, on le quittait pour fuir la misère, comme Rosa Maria partie en France dans les années 1930, dont une lettre à son enfant est égrenée tout au long du film. « Tu savais qu’il y avait des Français qui se bouchaient le nez quand on entrait dans les magasins », questionne-t-elle notamment, à rebours des discours qui voudraient que les anciennes vagues migratoires se seraient déroulées sans heurts.
Aujourd’hui, ce sont au contraire ceux qui fuient la misère et la guerre qui échouent par hasard sur ses côtes, depuis que plusieurs centaines de Kurdes ont échoué sur ses rives à la fin des années 1990. « Ils veulent aller ailleurs, mais certains se plaisent et finissent par s’installer », ainsi que l’un des habitants de Riace résume la situation à un ami par téléphone. Il faut dire qu’à rebours de l’air du temps qui confine au repli sur soi, les habitants du petit village voient d’un bon œil l’arrivée de ces réfugiés venus des quatre coins d’Afrique et du Moyen-Orient.
Ces familles viennent tout simplement redonner vie à un village largement dépeuplé comme l’explique l’un des habitants, permettant notamment la réouverture de l’école communale ainsi que de divers commerces. L’association Città futurà créée pour l’occasion prend en charge l’accueil de quelque 400 demandeurs d’asile ou réfugiés de 22 nationalités différentes, inscrits dans un programme de deux ans au cours duquel ils suivent une formation professionnelle et des cours de langue tandis que leurs enfants vont à l’école.
Tous sont logés dans les nombreux logements vacants du village que le maire, Domenico Locarno, a mis à leur disposition. Les uns et les autres suivent les cours d’italien avec une attention digne de la messe et ces nouveaux habitants vont justement jusqu’à regarnir les bancs de la petite église locale où le curé accueille tout le monde, y compris les fidèles d’autres religions, comme cette famille musulmane venue de Gambie qui vient prier à l’autel dans sa langue natale. L’échange culturel est cependant réciproque car les arrivants initient également les Calabrais à leurs propres cultures au cours de scènes quelque peu cocasses. Scènes qui alternent avec des moments plus graves, où les réalisatrices laissent plusieurs de ces réfugiés raconter leurs conditions de voyage effroyable, ces jours de mer entassés sur des bateaux avec l’eau de mer comme seul aliment et autres indélicatesses des passeurs auxquels ils s’en sont remis, sans parler de l’éloignement d’avec leurs proches, souvent partis eux aussi à l’aventure vers d’autres contrées qu’ils espèrent plus clémentes.
Ce mélange des cultures apparaît presque trop beau pour être vrai, et on voit malgré tout poindre certaines tensions. Mais celles-ci émanent moins des arrivants que de la population elle-même. C’est d’abord l’ombre de la Ndrangheta, la mafia locale, qui plane sur le village. Une scène saisissante montre une réunion où le discours du maire abordant la question est reçu par le silence de son auditoire qui semble manifester tout sauf l’indifférence. Un rappel utile de ce que la principale menace ne vient pas forcément de l’extérieur… Quoi qu’il en soit, le village est le seul de la région à s’être porté partie civile dans un procès contre la Ndrangheta, ce qui en dit long sur le climat de peur qu’elle fait encore régner parmi la population.
Ce maire décidément à contre-courant remet son mandat en jeu pour la troisième fois dans ce qui constitue le dernier temps fort du film. Sa réélection est loin d’être une formalité et l’on suit avec ses partisans l’attente angoissante des résultats. Les nouveaux arrivants disparaissent alors du cadre, comme pour signifier qu’ils ne sont malgré tout pas des citoyens à part entière, faute de pouvoir prendre part au vote. Leur sort est étroitement lié à celui de l’édile qui, contrairement à une certaine chancelière allemande, assume complètement sa politique d’accueil jusqu’à en faire un axe fort de sa campagne. Reste à voir quel effet est ainsi produit sur ses électeurs potentiels. A vous de le découvrir en même temps que ce film dont on aura presque oublié de saluer également l’esthétique léchée, comme un reflet de la confiance réciproque que se vouent ses protagonistes. Une belle leçon d’humanité, dans tous les sens du terme. »
(Igor Martinache, Alternatives Economiques, 7/2/2017)

« Un film apporte la bonne nouvelle. Un paese di Calabria nous dit que Riace, le «village de Calabre» de son titre, perché pas loin de la mer sur la plante de la Botte, se repeuple et revit, tient tête, tient parole. Cet avant-poste de l’Europe est aussi son avant-garde. Un film fait l’éloge d’un lieu et de ses habitants : les anciens ou les exilés (les arrivés, les partis), les habitués (du café) et les infatigables (de la lutte), les fidèles, les électeurs. Le film se termine sur les scènes d’appréhension et de célébration entourant la réélection ou non du maire de la commune, qui mène avec les gens de Riace, depuis dix ans au moment du tournage, d’une part une politique d’hospitalité durable à l’égard des personnes arrivant, par bateaux et de nombreux pays, sur la côte voisine ; d’autre part une stratégie de résistance aux intimidations de la mafia du coin, la ‘Ndrangheta.
Sans vraiment entrer dans le vif de cette politique et de cette stratégie collectives, ni dans celui de la vie quotidienne des Riacesi, en s’en tenant pour ainsi dire à la surface, à la partie de la bonne nouvelle qui se voit le plus ou à la plus évidente, Un paese di Calabria sillonne pourtant son sujet avec une sorte de fermeté, de naïveté dans le sens le plus positif (le plus confondant) : Riace est un pur exemple, exemplairement pris à la réalité, réel donc réalisable, donc reproductible, et souhaitable,évident, indiscutable.
A l’appui de leur plaidoyer, les réalisatrices Shu Aiello et Catherine Catella font intervenir une autre voix, celle d’une femme racontant son départ, en 1931, de Riace pour Nice et la France - rappelant que l’Italie du Sud a longtemps été une terre d’émigration avant d’être une terre d’immigration : le rappelant aussi bien pour expliquer l’hospitalité actuelle (en un mouvement du présent vers le passé) que pour l’affirmer (en un mouvement du présent vers l’avenir, ou de ce lieu vers d’autres). Si un documentaire n’est rien d’autre qu’un film de propagande pour l’humanité, fabriquant les documents d’un bonheur réel, possible ou souhaitable, donnant des matériaux pour sa construction, Un paese di Calabria appartient au genre, avec sa poétique de l’exemple et son imparable tendresse. »
(Luc Chessel, Libération, 7/2/17)

Des liens pour en savoir plus

Ciné-club Flyer Un Paese di Calabria

Le film est en version originale sous-titrée.

Il est présenté dans le cadre de Primissimo Piano, l'activité ciné-club de la Dante Alighieri,

 

Adhésion ciné-club (carte verte Interfilm valable pour la saison 2017-2018) : 1 €;  Carte offerte aux membres de la Dante Alighieri.

Participation aux frais : 5 €, réduit 4€.

Pot convivial à l'issue de la projection.


Si vous souhaitez participer à la diffusion de l'information pour cette projection vous pouvez télécharger et distribuer le prospectus ci-joint : cliquez sur l'image et imprimez le pdf.

 logo PP t 300dpiMerci de participer et à bientôt au cinéma !

logo dep87logo culture87Manifestation organisée grâce au soutien
du Conseil Départemental
de la Haute-Vienne

en partenariat avec l'Espace Noriac
(10, rue Jules Noriac)