Vierge affiche

Le mardi 4 octobre 2016 à 20h30

Espace Jules Noriac

Vierge sous serment
(Vergine giurata)
Un film de Laura Bispuri, 84mn, 2015.
Avec Alba Rohrwacher (Hana / Mark) , Emily Ferratello (Jonida),
Lars Eidinger (Bernhard), Flonja Kodheli (Lila) …

Hana est une orpheline albanaise. Elle vit chez un montagnard marié  qui a une fille, Lila, du même âge qu’elle. Elle est contrainte de suivre les règles rigides du Kanun, droit civil parallèle appliqué dans les montagnes albanaises qui, quand il n'y a pas assez de fils mâles, peuvent pousser une femme à s'auto-proclamer homme, à être élevée comme un homme et à renoncer à tous les aspects de sa féminité. Hana devient Mark et mène une vie d'homme… Quand, de nombreuses années plus tard, Mark arrive en Italie, le contact avec une culture différente lui permet de partir à la recherche de la Hana enfouie.

 

  laura bispuri

Jeune réalisatrice italienne, Laura Bispuri est née en 1977 à Rome, et y a fait ses études de cinéma. En 2003, elle a été parmi les 10 sélectionnés sur 800  pour intégrer le Laboratoire Fandango. Elle a fréquenté cette école pendant deux ans, suivant des cours avec des réalisateurs tels que Garrone, Sorrentino, Crialese, Muccino, Chiesa, Vicari, Ken Loach.l,(...).
 Après deux court métrages, Vierge sous serment est son premier long métrage, il a été présenté dans plus de 35 festivals, dont Berlin, et y a reçu une demi-douzaine de récompenses.

Qui sont les Vierges jurées, ces femmes qui, socialement, deviennent des hommes ? Connue dans tous les Balkans, cette tradition est toujours vivace dans les hautes terres du nord de l’Albanie. Vêtues en hommes, tenues en haute estime, ces femmes ont accès aux prérogatives masculines : elles fument, elles boivent de l’alcool, elles mènent les troupeaux, portent le fusil et négocient les conflits familiaux. En contrepartie, elles sont soumises à l’obligation de chasteté (Les Vierges jurées d’Albanie Par Antonia Young, Éditions Non Lieu)

 Quelques (bonnes) critiques

« On lui a coupé les cheveux. Puis elle a renoncé au sexe et à l'amour, s'est engagée à être un homme, en a fait le serment. Ce rite ancestral, très codé, qui se pratique encore en Albanie, a ceci de pervers qu'il se fait au nom d'une certaine liberté. En devenant Mark, Hana (Alba Rohrwacher) a en effet échappé au sort misérable réservé aux femmes, des moins-que-rien dans ces régions montagneuses. Est-ce un choix dicté? Voilà toute l'ambiguïté de ce premier film très personnel, librement adapté d'un roman d'Elvira Dones, et qui dépasse le réquisitoire attendu. Cons­truit sur des allers-retours entre le passé (l'enfance, l'adolescence) et le présent, en Italie, où Mark a fini par rejoindre sa soeur adoptive Lila (Flonja Kodheli, discrètement sensuelle), le film se révèle une réflexion assez fine sur l'identité, la féminité, le genre. Rien n'est définitif, dans ce puzzle aux pièces éparpillées. Il s'agit surtout de silences, de gestes furtifs, d'esquives et d'ellipses, parfois un peu systématiques. En Italie, Mark, craintif et curieux comme un oiseau, découvre la sexualité avec un homme, entraperçoit à travers Lila et sa nièce plusieurs visages de la féminité. Il s'agit moins pour « lui » de redevenir la femme qu'il a été que de trouver sa propre voie, loin des contraintes. Cet émouvant combat vers la renaissance s'inscrit à travers tout le corps, ramassé, androgyne, bizarre ou très gracieux d'Alba Rohrwacher, qui est absolument formidable. » (Jacques Morice, Télérama, 30/09/2015...)

« ...En évitant de mettre des mots dessus, Laura Bispuri fait paradoxalement preuve d’une manière très fine de traiter la question du genre. Mark ne souhaite pas « redevenir » une femme, son identité n’est pas un interrupteur avec deux positions uniques. Quand il croise des incarnations de la jeune fille moderne idéale, sous la forme de nageuses synchronisées piailleuses et ultra-maquillée, il les voit comme des extraterrestres. La découverte de sa sexualité (dans des scènes avec le toujours charismatique Lars Eidinger) conserve une stimulante ambiguïté. La question qui se pose pour Mark n’est pas d’être un homme ou une femme mais d’être une personne heureuse. Cet épanouissement recherché, il le trouve dans un non-choix. Si Mark se réconcilie en effet avec sa part de féminité, il le fait au-delà de la binarité du genre. Pour un premier film, Vierge sous serment a déjà des choses pas banales à dire, et il le fait avec classe. » ( Gregory Coutaut, Film de Culte)

« Ce premier film de l’Italienne Laura Bispuri est un curieux road-trip, émouvant et mélancolique, sur une quête d’identité et une recherche de liberté.Tradition contre modernité, négation du corps contre affirmation du plaisir, ouverture progressive vers la féminité, tous les thèmes sont abordés avec légèreté. Rien ne vaut le spectacle du visage de l’actrice Alba Rohrwacher, grave et solaire, qui se transforme au fil du récit. Beau film, grande comédienne.» ( x, L'Obs)

« Qu’est-ce qui fait que, dès les premières minutes de Vierge sous serment, quelque chose nous trouble ? C’est que trouble, justement, il y a, et c’est une question de genre. On voit quelqu’un dans des pâturages, prendre le bus, quitter une zone où on ne reconnaît pas la langue pour arriver dans une gare routière où résonne l’italien. On ne sait pas si ce personnage, vagabond qui semble savoir où aller, est un homme ou une femme. Le seul indice dont on dispose, c’est qu’il est interprété par une actrice, Alba Rohrwacher. C’est donc «elle» : Hana, jeune femme qui quitte l’Albanie pour retrouver Lila, qui semble être sa sœur, émigrée en Italie depuis longtemps. Hana est née fille, mais elle est une «vierge sous serment», une femme qui, pour être libre dans une société traditionnelle (et machiste), a été autorisée par la communauté à vivre comme un homme. Elle doit se couper les cheveux tous les vingt-huit jours, porte un bandeau sur les seins et a surtout dû abandonner toute sexualité. En échange, elle peut boire, fumer, avoir un fusil, participer aux conversations, travailler.
Avec son premier film, Laura Bispuri adapte le roman du même nom, écrit par Elvira Dones et consacré à cette tradition albanaise bien réelle. Hors des montagnes reculées des Balkans, Hana se retrouve face à ce qui semble une évidence ; on peut vivre librement autrement qu’en sacrificiant sa féminité. Le déracinement géographique, l’installation en Italie, tout cela confronte la jeune femme à la terra incognita de l’indépendance.
Vierge sous serment est d’autant plus touchant qu’il ne se concentre que sur la maladresse, le sentiment d’être figé dans un rôle, la difficulté de faire voltiger le regard des autres. Hana n’est pas formatée pour le sexe, mais elle le découvrira dans les vestiaires d’une piscine municipale d’une façon abrupte, réaliste, au sujet de laquelle il serait présomptueux de porter un jugement. C’est aussi la grâce de Vierge sous serment, qui a les maladresses d’un premier film, que de se présenter ainsi, quasi nu et à vif.» (Clément Ghys, Libération)

Des liens pour en savoir plus

  • Une interview deLaura Bispuri par Fabien Lemercier sur Cineuropa.
  • Une critique de Paola Casella pour MYmovies.it et les critiques de la presse italienne.
  • Une critique Paolo d'Agostini  pour La Repubblica. 

Ciné-club Flyer Vierge sous serment

Le film est en version originale sous-titrée.
Il est présenté dans le cadre de Primissimo Piano, l'activité ciné-club de la Dante Alighieri,
Adhésion ciné-club (carte Interfilm couleur crème) valable pour la saison 2016-2017 : 1 €;  Carte offerte aux membres de la Dante Alighieri.
Participation aux frais : 4 €, réduit 3€.
Pot convivial à l'issue de la projection.

Si vous souhaitez participer à la diffusion de l'information sur cette projection vous pouvez télécharger et distribuer le prospectus ci-joint : cliquez sur l'image et imprimez le pdf.
 Avec le soutien du Conseil Départemental de la Haute-Vienne qui héberge nos séances à l'Espace Jules Noriac (10, rue Jules Noriac).
Merci de participer et à bientôt au cinéma !

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